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Montpellier va ouvrir la première école de chiens guides et d’assistance du Languedoc

INFO HERAULT TRIBUNE. C’est une première en Languedoc, et un pari audacieux à l’échelle nationale. Dès 2026, Montpellier accueillera sa propre école de chiens guides d’aveugles et d’assistance, en plein cœur de la ville.

Une école de chiens guides et d’assistance ouvre à Montpellier ©FDV

C’est officiel : en 2026, Montpellier va voir naître sa première école de chiens guides d’aveugles et d’assistance, directement implantée à l’est de la ville, dans le quartier Millénaire. Un projet inédit dans le département de l’Hérault et seulement le deuxième de la région Occitanie.

Une première dans tout le Languedoc

Il fallait oser. Monter une école de chiens guides “en plein centre-ville”, là où circulent voitures électriques, bus silencieux et trottinettes “sauvages” ? Le projet aurait pu sembler illogique et pourtant. Pourquoi se contenter d’une école à l’écart, quand on peut faire de la ville elle-même un immense terrain d’apprentissage ? Cette question d’Émilie Cabello, adjointe à l’accessibilité à la Ville de Montpellier, a su planter la graine dans l’esprit de l’association France Défi Vision, et plus particulièrement dans celui de Thierry Jammes, son président. “J’en avais déjà vu quatre ailleurs, je savais comment ça marchait. Quand Émilie [Cabello] a parlé d’une école en ville, ça a résonné tout de suite. Nous avons dit : pourquoi pas ici, à Montpellier ?”, se souvient-t-il.

Si l’idée a germé, encore faut-il la justifier. Et là aussi la réponse ne se fait pas attendre : “Il n’y a aucune école dédiée dans tout le Languedoc, ce qui oblige aujourd’hui les bénéficiaires à se rendre à Toulouse ou Marseille. Et ils sont des milliers ”. Au-delà de la simple réponse géographique, c’est la conséquence de la méthode que France Défi Vision veut employer : “On veut une école intégrée, où le chien apprend à se faufiler dans les marchés, à attendre au tram, à réagir aux scooters… Il doit vivre avec la ville, pas à côté”, insiste Thierry Jammes.

Thierry Jammes, président de l’association France Défi Vision ©FDV

Côté structure, la Ville de Montpellier mettra à disposition une villa en centre-ville, quartier du Millénaire, qui sera aménagée pour accueillir les chiots et leurs éducateurs. “La visite est prévue pour la semaine prochaine, dévoile le président. On a hâte de la voir, de se projeter, de penser le lieu pour l’après”.

Une formation “hors les murs”

Si un site est prévu, dans l’école montpelliéraine, pas de chenils ni de box grillagés, mais un jardin sécurisé pour les exercices et des espaces d’accueil pour les familles et bénévoles. Les futurs chiens guides vivront “sans murs”, comme ils vivront un jour auprès de leur maître. Dès l’âge de deux mois, ils rejoindront des familles, soigneusement sélectionnées pour leur disponibilité et leur engagement. “C’est notre modèle. Pour nous, un chien guide doit d’abord être un compagnon, un partenaire, et non un outil, donc il ne dort pas dans un box, mais dans sa famille. C’est comme si il allait à l’école en journée et qu’il rentrait chez lui le soir”, résume le président de France Défi Vision.

La première promotion sera volontairement restreinte à trois chiens, déjà en formation et placés dans des familles. Ce chiffre modeste “n’est pas un manque d’ambition”, mais “un choix stratégique” assumé. “Nous voulons privilégier la qualité, valider notre modèle pas à pas et assurer un accompagnement presque artisanal à chaque binôme”, insiste-t-il. Ainsi, pendant 18 à 24 mois, chaque chiot va apprendre à naviguer dans la vie urbaine : tramways bondés, marchés bruyants, terrasses animées, centres commerciaux… Tout est fait pour le confronter progressivement à la “vraie vie”. “Le but, c’est de multiplier les expériences dès le plus jeune âge, et d’apprendre à rester concentré, même dans une ville où il se passe toujours quelque chose.”

Tous les chiots ne deviendront pas guides. Certains, qui n’auraient pas le profil psychologique ou les qualités de concentration nécessaires, seront réorientés. “Aucun chien n’est “perdu” : il peut devenir chien d’assistance pour d’autres handicaps, ou chien de médiation, par exemple en Ehpad ou auprès d’enfants autistes”, rappelle Thierry Jammes. “C’est aussi l’avantage de combiner les deux branches dans une seule structure”.

C’est en pleine ville que se déroule l’apprentissage des chiens de l’école montpelliéraine ©FDV

Un financement à consolider

Le budget annuel est estimé autour de 150 000 euros pour 2026, selon Thierry Jammes. Une somme qui couvre la formation de trois chiens guides, la rémunération d’un éducateur diplômé, ainsi que les frais vétérinaires, l’alimentation et le matériel pédagogique.

La mairie de Montpellier met d’ores et déjà la villa à disposition et pourrait financer certains aménagements. “C’est toujours ça de gagné”, reconnaît le responsable, qui se réjouit de ce soutien matériel mais reste lucide sur la suite : “Pour l’instant, nous n’avons pas sollicité la Métropole, la Région ou le Département sur du financement direct. On était conscient que le projet devait d’abord atteindre un certain stade de maturité avant de déclencher d’autres aides publiques.”

Vasco est l’un des chiots arrivés pour bénéficier de la nouvelle formation ©FDV

Pour le reste, France Défi Vision compte s’appuyer principalement sur le mécénat privé, les dons et les legs. “Notre priorité est d’abord d’aller parler aux entreprises, aux fondations, au monde économique. C’est eux qui sont le plus capables de nous soutenir”, insiste-t-il. Un petit-déjeuner réunissant des entreprises régionales est ainsi prévu à la rentrée, courant septembre, afin de “sensibiliser et convaincre” ces futurs partenaires. “Cela fait un an qu’on leur en parle, maintenant on leur dit : ça y est, cette fois on y va !”, sourit Thierry Jammes. L’idée ? Fédérer un “club de soutien” sur plusieurs années, avec des engagements sur trois ans dont le premier palier est fixé à 5 000 euros.

Du côté du grand public, une campagne de dons sera lancée, mais pas tout de suite. “Je veux que les particuliers puissent venir voir concrètement ce que l’on fait. C’est pourquoi nous attendrons que l’école ouvre réellement et que les chiens y soient physiquement”, précise le président. Cette campagne devrait démarrer courant 2026, une fois les premiers chiots présents et les premiers apprentissages lancés.